lundi 10 septembre 2007

ROTCHENKO

L'Exposition Rotchenko du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris nous permet de mieux comprendre la personnalité d'Alexandre Rotchenko, en nous donnant l’occasion de suivre le cheminement de l’artiste. Depuis les premières peintures jusqu'aux dernières photos, en passant par les sculptures et les collages, elle nous offre une vision globale de son oeuvre, qui est éminemment graphique et géométrique. Si Rotchenko a utilisé différentes techniques, il n’a jamais exprimé qu’une seule chose, sa passion pour les formes géométriques, et pour les graphismes au contraste marqué.

La couleur y totalement absente, ainsi que la nature, dont les formes trop anarchiques et trop peu modernes ne l‘intéressent pas. Rotchenko aime ce qui est net et précis, les cercles parfaits, et les lignes parfaitement droites. Même la figure humaine, lorsqu’elle est présente, s’insère dans la composition comme une figure géométrique. Les photos d'Alexandre Rotchenko sont à l’image de la société dans laquelle il vit, une société tout entière tournée vers le progrès technique, où l’individu et ses sentiments s’effacent derrière un idéal qui ne laisse que peu de place à la fantaisie. Cet idéal, il y souscrit totalement, il correspond à son idéal esthétique. Et la seule fantaisie qu’il se permette est celle de l’oblique, de la diagonale, que l’on retrouve dans nombre de ses compositions, et qui est la grande constante de son oeuvre. Les édifices, les rues, les personnages, tout sujet peut être cadré de façon oblique, donnant ainsi lieu à un croisement de lignes diagonales fondamentales.

Cette curieuse vision penchée du monde aurait pu être troublante voire dérangeante, dans la plupart des cas elle ne l'est pas, elle nous semble au contraire être une espèce d'évidence. Quelle meilleure façon, en effet, de photographier cette femme montant l'escalier, ou bien cette autre, assise sur un banc en diagonal, zébrée elle-même par des ombres en diagonal, tandis que ses pieds reposent sur un triangle de lumière, quadrillé par une trame en ombre portée ? Cette dernière est très certainement la photo la plus accomplie de Rotchenko, non seulement son sens du graphisme et de la géométrie atteignent ici leur sommet, mais aussi son sens de l'humain. Ce personnage de femme qui attend, patient, résigné, dans son cadre de figures géométriques enchevêtrées, dépasse les époques et les nations. Ce pourrait être chacun d'entre nous, prisonnier d'un quotidien organisé dont il n’est pas toujours l’artisan. Ici Alexandre Rotchenko, photographe d’une époque et d’un idéal révolu, atteint l'universel.

PARALLELE

Il me semble qu’un parallèle peut être fait entre l’esthétique géométrique de Rotchenko et celle de Horst Hamann, photographe allemand contemporain, vivant à New York, qui aime fragmenter le monde verticalement avec un objectif panoramique. Le résultat est étonnant, graphique, géométrique, curieusement évident, et très beau.

http://www.horsthamann.com/

2 commentaires:

Kevin a dit…

Hi AF! This looks great, although I can only read a little bit of it.

I love the photos you sent, and I'm glad you've joined the "blogosphere."

I add a link to your blog from mine.

Kevin

agwest a dit…

I really like the photo of the tour d'eiffle in the upper corner. Who is the artist and where can I find more of his/her work?