samedi 6 octobre 2007

VOYAGE PLACE SAINT-SULPICE

Il suffit de faire le tour de la place Saint-sulpice à Paris pour faire un tour du monde presque complet, avec l'avantage de s'épargner l'inconfort des voyages. Les Maisons des Amériques Latines, des Indes et de l'Afrique se chargent de ce prodige en nous présentant chacune une exposition de photos thématiques. L'exposition sans doute la plus spectaculaire est celle que présente la Maison des Amériques Latines et des États-Unis sous le titre D'un pôle à l'autre, réunissant les deux Amériques dans un espace géographique allant de l’Arctique à l’Antarctique, et montrant une fois de plus que les extrêmes se rejoignent, puisque ces deux pôles se ressemblent comme deux gouttes d’eau, ou plutôt deux blocs de glace. Les photos de Remy Marion nous donnent à voir en effet des paysages d’une blancheur immaculée, parsemés de sculptures de glaces, et habités seulement par quelques ours, blancs eux aussi, des manchots, des morses et des oiseaux pêcheurs. La beauté de ces images tient indéniablement à la notion de pureté qu’elle nous transmet, d’un monde propre, limpide, non souillé, en apparence du moins, par notre civilisation naturophage et naturocide, et qui réveille en nous la nostalgie d’un paradis perdu. Cette impression est renforcée par l’horizon infini qu’offrent à notre regard ces vastes étendues lumineuses, nous faisant rêver à une liberté absolue. C’est que le désert de glace, contrairement au désert de sable, ne nous semble pas inhospitalier, il propose même une image rassurante sous bien des aspects. Tout d’abord sa blancheur, symbole de pureté, nous met inconsciemment en confiance, cette matière translucide ne semble pas pouvoir mentir ou abriter en son sein quelque danger sournois. Ensuite cette matière saine et fraîche évoque pour nous la vie, puisqu’elle est essentiellement constituée d’eau, comme nous. Enfin la présence de mammifères heureux et largement nourris par la mer, menant une vie ludique de glissades et de plongeons, nous permet de nous identifier à ces animaux, et de rêver à leur vie simple et joyeuse. La seule difficulté contre laquelle il nous faudrait nous prémunir si devions y vivre est le froid, et pour cela les animaux une fois encore nous montre la voie, il suffit de revêtir une belle peau de phoque, ou une belle robe d’ours pour être à l‘abri du froid. La vie polaire devient ainsi possible, légère et aisée. Après cette aventure rafraîchissante, vous pouvez vous rendre à la Maison de l’Afrique, où tout n’est que chaleur, couleur et décoration dans la poussière sèche des villages africains. Le contraste est saisissant, une population dense, des tissus aux couleurs vives et multiples, représentants toutes sortes de motifs géométriques, que l’on retrouve peints sur des malles, des théières, des bassines, etc. Une vie sociale foisonnante et voyante s‘oppose à la menace d’une sècheresse omniprésente. Pour finir, vous n’avez qu’à faire trois pas pour vous rendre à la Maison des Indes, où des photographies de l’Inde des Maharadjas vous transporteront dans un monde surréaliste et raffiné où les tilburys sont tirés par des antilopes, et où l’extravagance des palais rivalise avec celle des costumes et des bijoux portés par les princes. Et parce que l’art de vivre indien n‘est pas disparu, on vous offrira une délicieuse tasse thé à la cannelle.

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